Partenaires plutôt qu’adversaires. Les militaires, un lobby vers l’interopérabilité de la technologie des armements au sein de l’intégration européenne? Le Comité FINABEL et l’avion Tornado vus à travers le prisme italien

Les militaires italiens ont joué un rôle dans le procès décisionnel de la République particulièrement dans le secteur de la coopération des armements. Sans dépasser les limites de leurs fonctions, ils ont quand même établi leur politique étrangère grâce à une série de contacts « naturels » avec leurs collègues européens. Ils sont fini par se faire passer comme des « européistes » par leur volonté de participer à des programmes européens dans lesquels ils voyaient une opportunité pour rétablir le niveau de leurs forces armées, d’une part, et de l’autre de fournir à leur industrie des perspectives de développements. Celui-ci est un objectif se précisant le long des années 1950 et 1960, la période des deux expériences analysées : la naissance et les premiers pas du Comité FINABEL, comité européen - en dehors de l'OTAN et de la UE, actuellement encore en vie - pour la standardisation et l'interopérabilité des armements, objet pour la première fois de l’historiographie sur la construction européenne, à partir d’archives militaires italiennes jamais exploitées ; la participation italienne, malgré la crise politico-économique du pays, au premier avion européen, le Tornado, le chasseur multi-rôle. Cette fois-ci il s’est agi d’exploiter les Archives françaises et britanniques pour décerner non seulement la position italienne, mais le rôle joué par les militaires italiens qui arriveront à obtenir une partie de production majeur à leurs achats, contrairement à la pratique du « juste retour » suivie dans tous les programmes de coopération militaires, et jusqu’à nos jours. Ils jouèrent d’une part sur la faiblesse du pays, de l’autre sur la convoitise américaine pour le marché italien, et aussi sur le désire, qu’ils avaient compris, surtout des Allemands de garder un caractère européen et donc au moins trilatéral à cet avion qui avait vu partir Français, Belges, Hollandais, une fois entrés dans le jeu les Britanniques. Par une approche qu’on définit de « transnationale », c’est-à-dire basée sur une analyse croisée d’archives de différents pays et institutions - là l’OTAN - on propose donc d’une part une révision ou mieux des pistes nouvelles pour cerner la position des militaires italiens dans le procès décisionnel - au-delà des scandales type Lockheed - et pour voir par la coopération des armements le processus de construction européen en tant que processus « double track », d’une part l’intégration de l’autre la coopération intergouvernementale pour défendre les intérêts nationaux les plus stratégiques, dont ceux liés à la Défense. Etant donné qu'il s'agissait de la prémière fois pour FINABEL d'etre cité dans un article historique, ce pas fut favorable à la demande d'ouverture des Archives du Comité qui se trouvent à Bruxelles et que l'auteur fut le premier à visiter.