Le comité FINABEL fut créé en 1953, à l'initiative du général français Blanc, pour standardiser les armements des forces terrestres en Europe ainsi que promouvoir la coproduction des armements entre ses membres : à l'origine, la France, l'Italie, les pays du Bénélux et la RFA. FINABEL travailla, et continue à le faire, comme un comité d'experts militaires. Il reflète leur culture européenne fondée sur une approche technique, un simple secrétariat général fonctionnant avec peu d'officiers, à coût limité et un respect absolu de la souveraineté nationale, par exemple en matière de coopération avec les Etats-Unis. En dépit de l'échec à standardiser les armements dès la fin des années 1950, le comité reflète aussi l'évolution générale de la construction européenne : adhésion de la Grande-Bretagne en 1973, élargissement aux pays d'Europe de l'Est dès les années 1990... Les raisons de son échec en matière de standardisation militaire sont liées à sa conception. La souveraineté nationale absolue rendit inutile pour les entreprises autant que les départements ministériels la recherche de la standardisation, alors qu'ils pouvaient obtenir des gains avant même la phase de standardisation : par exemple, le partage des connaissances en vue d'orienter les processus de fabrication en fonction des technologies d'avenir, l'influence des décisions des petits voisins... Le comité entra aussi en concurrence avec d'autres comités européens ou atlantiques qui avaient les mêmes buts, en raison du développement simultané et en partie parallèle de l'intégration européenne et de la coopération atlantique. L’analyse se base sur l’exploitation d’une série d’archives militaires et diplomatiques françaises, britanniques, belges, italiennes, et des références à la documentation allemande tout comme à des sources des institutions européennes, et particulièrement le fonds de l’UEO (Union de l’Europe Occidentale), et surtout du Comité FINABEL lui-même. Les auteurs ont eu accès exclusif, et jusqu’à présent en premiers, aux Archives du Comité siégeant à Bruxelles. L’existence actuelle du Comité le rends un exemple unique dans l’espace du processus de construction européenne étant donné son indépendance soit de l’UE soit de l’OTAN, mais tous les pays membres de l’Union et de l’organisation atlantique ont demandé d’en faire partie, et aussi des pays non pas considérés universellement comme européens. Les origines du Comité montrent aussi très bien soit le rôle de la France soit ses objectifs dans la construction européenne face aux Etats-Unis mais aussi à la République Fédérale d’Allemagne. Les développements ultérieurs du Comité montrent le rôle externe joué par la Grande-Bretagne face aux initiatives françaises. Londres misait en fait à une sorte de annulation des politiques « militaires » européennes de Paris dont FINABEL au début fut un exemple. Finalement FINABEL est un exemple clair de comment seul l’approche transnationale croisant sources d’archives des différents pays engagés peut donner une vision nette des politiques les uns des autres et le parcours d’une institution qui se veut « transnationale » tel le Comité FINABEL. Enfin l’étude de la coopération des armements peut donner des réflexions sur l’historiographie du processus de construction européenne avec aussi de cas de coopération ou de tentée coopération comme cela a été le cas de FINABEL, de ses perspectives, de son développement et des obstacles mis par certains pays - en premier lieu la Grande-Bretagne - non seulement aux tentatives françaises de leadership, mais à des solutions « intégrationnistes » en préférant celles intergouvernementales représentées, pour le secteur de la Défense, par l’OTAN et ses agences.

Pourquoi la standardisation des armements a-t-elle échoué dans les années 1950? Eléments de réponse et pistes de réflexion autour d'un cas: le comité FINABEL

BURIGANA, DAVID;
2008

Abstract

Le comité FINABEL fut créé en 1953, à l'initiative du général français Blanc, pour standardiser les armements des forces terrestres en Europe ainsi que promouvoir la coproduction des armements entre ses membres : à l'origine, la France, l'Italie, les pays du Bénélux et la RFA. FINABEL travailla, et continue à le faire, comme un comité d'experts militaires. Il reflète leur culture européenne fondée sur une approche technique, un simple secrétariat général fonctionnant avec peu d'officiers, à coût limité et un respect absolu de la souveraineté nationale, par exemple en matière de coopération avec les Etats-Unis. En dépit de l'échec à standardiser les armements dès la fin des années 1950, le comité reflète aussi l'évolution générale de la construction européenne : adhésion de la Grande-Bretagne en 1973, élargissement aux pays d'Europe de l'Est dès les années 1990... Les raisons de son échec en matière de standardisation militaire sont liées à sa conception. La souveraineté nationale absolue rendit inutile pour les entreprises autant que les départements ministériels la recherche de la standardisation, alors qu'ils pouvaient obtenir des gains avant même la phase de standardisation : par exemple, le partage des connaissances en vue d'orienter les processus de fabrication en fonction des technologies d'avenir, l'influence des décisions des petits voisins... Le comité entra aussi en concurrence avec d'autres comités européens ou atlantiques qui avaient les mêmes buts, en raison du développement simultané et en partie parallèle de l'intégration européenne et de la coopération atlantique. L’analyse se base sur l’exploitation d’une série d’archives militaires et diplomatiques françaises, britanniques, belges, italiennes, et des références à la documentation allemande tout comme à des sources des institutions européennes, et particulièrement le fonds de l’UEO (Union de l’Europe Occidentale), et surtout du Comité FINABEL lui-même. Les auteurs ont eu accès exclusif, et jusqu’à présent en premiers, aux Archives du Comité siégeant à Bruxelles. L’existence actuelle du Comité le rends un exemple unique dans l’espace du processus de construction européenne étant donné son indépendance soit de l’UE soit de l’OTAN, mais tous les pays membres de l’Union et de l’organisation atlantique ont demandé d’en faire partie, et aussi des pays non pas considérés universellement comme européens. Les origines du Comité montrent aussi très bien soit le rôle de la France soit ses objectifs dans la construction européenne face aux Etats-Unis mais aussi à la République Fédérale d’Allemagne. Les développements ultérieurs du Comité montrent le rôle externe joué par la Grande-Bretagne face aux initiatives françaises. Londres misait en fait à une sorte de annulation des politiques « militaires » européennes de Paris dont FINABEL au début fut un exemple. Finalement FINABEL est un exemple clair de comment seul l’approche transnationale croisant sources d’archives des différents pays engagés peut donner une vision nette des politiques les uns des autres et le parcours d’une institution qui se veut « transnationale » tel le Comité FINABEL. Enfin l’étude de la coopération des armements peut donner des réflexions sur l’historiographie du processus de construction européenne avec aussi de cas de coopération ou de tentée coopération comme cela a été le cas de FINABEL, de ses perspectives, de son développement et des obstacles mis par certains pays - en premier lieu la Grande-Bretagne - non seulement aux tentatives françaises de leadership, mais à des solutions « intégrationnistes » en préférant celles intergouvernementales représentées, pour le secteur de la Défense, par l’OTAN et ses agences.
2008
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