La mise à mort de l’auteur, dans Vengeance du traducteur (2009) de Brice Matthieussent, prend la forme d’un livre-objet où les notes en bas de page de celui qui devrait être un simple passeur linguistique prennent la place du texte original. Mais, dans ce roman mettant en scène une esthétique de la traduction en tant que réécriture, on assiste aussi et surtout à des superpositions entre les potentialités de la création et de la réflexion critique, ce que la portée traductologique de la trame exhibe d’une façon évidente. Dans un jeu compliqué de dissimulation et révélation, la présence de travestissements joue un rôle qui est loin d’être négligeable : tout d’abord, le personnage du traducteur américain David Gray « se prend parfois pour Zorro le vengeur masqué » et « se déguise aussi en ce personnage énigmatique que l’on voit dans certaines étiquettes de bouteilles de porto ». D’autre part, le personnage de l’auteur français Abel Prote se livre à de « petites polissonneries costumées » avec sa secrétaire particulière Doris Night qui, quant à elle, revêt à la fin du roman un masque d’oiseau la rendant, par « artifice concerté », interchangeable à une femme morte et capable de modifier « la traduction du texte vers la vie ». La valeur symbolique du masque, objet énigmatique qui permet une transformation temporaire et réversible, est diffractée et mène à une dissolution des frontières entre œuvre originale et traduction, mais aussi entre création littéraire et vie réelle. C’est dans un labyrinthe identitaire et herméneutique que Brice Matthieussent conduit son lecteur grâce à un texte multipliant les mises en abyme et les emboîtements narratifs.
Translations masquées. Le déguisement dans "Vengeance du traducteur" de Brice Matthieussent
Piva, Marika
2023
Abstract
La mise à mort de l’auteur, dans Vengeance du traducteur (2009) de Brice Matthieussent, prend la forme d’un livre-objet où les notes en bas de page de celui qui devrait être un simple passeur linguistique prennent la place du texte original. Mais, dans ce roman mettant en scène une esthétique de la traduction en tant que réécriture, on assiste aussi et surtout à des superpositions entre les potentialités de la création et de la réflexion critique, ce que la portée traductologique de la trame exhibe d’une façon évidente. Dans un jeu compliqué de dissimulation et révélation, la présence de travestissements joue un rôle qui est loin d’être négligeable : tout d’abord, le personnage du traducteur américain David Gray « se prend parfois pour Zorro le vengeur masqué » et « se déguise aussi en ce personnage énigmatique que l’on voit dans certaines étiquettes de bouteilles de porto ». D’autre part, le personnage de l’auteur français Abel Prote se livre à de « petites polissonneries costumées » avec sa secrétaire particulière Doris Night qui, quant à elle, revêt à la fin du roman un masque d’oiseau la rendant, par « artifice concerté », interchangeable à une femme morte et capable de modifier « la traduction du texte vers la vie ». La valeur symbolique du masque, objet énigmatique qui permet une transformation temporaire et réversible, est diffractée et mène à une dissolution des frontières entre œuvre originale et traduction, mais aussi entre création littéraire et vie réelle. C’est dans un labyrinthe identitaire et herméneutique que Brice Matthieussent conduit son lecteur grâce à un texte multipliant les mises en abyme et les emboîtements narratifs.File | Dimensione | Formato | |
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