« Rédemption » et « renaissance » dans le discours européen, de 1945 à 1992

L’historiographie de l’intégration européenne a principalement considéré les sources matérielles du pouvoir, la défense de l’intérêt national et les logiques fonctionnelles comme des facteurs explicatifs cruciaux des césures historiques qui ont façonné le processus d’intégration depuis 1945. Cet article se concentre plutôt sur la pertinence des idées à connotation transcendantale d’inspiration chrétienne – telles que la « rédemption » et la « renaissance » – dans la pensée des générations d’acteurs politiques impliqués dans l’intégration européenne entre les années 1940 et 1990. Il soutient qu’en l’absence de références à des déterminants idéalistes, les choix personnels des acteurs politiques sont éclipsés par des processus « structurels » qui limitent – en termes interprétatifs – leur action réelle ou les dépeignent comme des objets passifs de vastes transformations dialectiques.